Right now I wish you were here (eden)

La vie à Santa Rosa n'avait rien de comparable à celle qu'avait connu Malory à New-York. Le stress permanent qu'elle avait pu ressentir pendant toutes ces années n'existait plus désormais. Elle n'avait plus besoin de faire attention à tout ce qui l'entourait. Elle n'avait plus peur de sortir le soir. Une agression à Santa Rosa ? La jeune femme avait du mal à l'imaginer. Cette ville était le contraire de sa ville natale. Sa vie ici, était celle qu'elle avait toujours désiré. Celle qu'elle s'était imaginée une dizaine de fois quand elle était gosse. Une maison perdue au milieu de nulle part, un mari, des enfants, un chien, peut-être même un chat. Elle avait réussi à trouver son coin de paradis, mais pas le reste. Ça faisait déjà quelques jours que Malory envisageait de reprendre la route. Mais cette fois, seule. Maintenant qu'Eden et son fiancé s'étaient installés ici, elle ne pouvait plus se permettre de les dépaysager une seconde fois. Parce qu’elle n’arrivait plus à rester calme aux côtés de son futur beau frère, elle avait compris que pour le bonheur de sa sœur, elle devait partir. Les laisser là, vivre leur vie de famille. Encore fallait-il que Malory arrive à expliquer ses plans à sa sœur sans lui avouer la vérité sur ses sentiments. Elle ne savait pas comment elle aurait pu réagir si elle savait qu’elle était amoureuse de son fiancé depuis des années. Elle était à peu près certaine qu’elle l’aurait mal pris et c'est en partie pour cette raison qu’elle ne voulait rien lui dévoiler.

Malory arrêta le moteur de sa voiture et posa ses yeux sur le rétroviseur. Arrangement légèrement ses cheveux. Elle rassembla toutes ses affaires qui traînaient sur le siège du côté passager et les fourra sans vraiment y prêter une grande attention dans son sac à main. Elle retira la clé du contact et sortit du véhicule, le refermant derrière-elle. Elle l’inspecta une dernière fois en souriant. Depuis qu’elle l’avait acheté, elle ne s’en était toujours pas lassée. Un exploit pour elle. D’habitude, ses voitures tenaient un mois au grand maximum avant qu’elle décide de l’échanger contre une au même prix. Un prix qui n’avait rien de comparable avec la somme qu’elle avait pu dépenser pour celle-ci. Elle avait été sa première folie de l’année. À laquelle il fallait maintenant ajouter les kilomètres qui la séparaient de sa ville natale et tout un tas de petites dépenses pour des choses dont elle n’avait pas besoin. Sa folie acheteuse était le meilleur moyen qu’elle avait trouvé pour s’occuper l’esprit depuis son licenciement. Et le pire, c’est qu’il était efficace. Dépenser l’argent qu’elle avait économisé pour son mariage imaginaire était ce qui lui faisait le plus de bien dans l’immédiat. C’était sa façon à elle de prouver que sa vie n’était pas toute tracée. Qu’elle pouvait lutter à sa façon contre le destin. Malory entra dans le Wisky Club, ne prêtant pas réellement attention à la petite foule de personnes déjà présentes qui attendaient le match de baseball. Le samedi soir était sûrement la soirée la plus animée dans ce bar. Les accrocs de baseball se rassemblaient ici pour regarder le match, tout en buvant des litres d’alcool. Malory avait fini par se reprendre au jeu. Tous les samedis elle venait ici pour participer à ce mouvement de groupe. Elle n’avait jamais rien compris au baseball, mais allez savoir pourquoi, elle adorait le regarder. La jeune femme se dirigea directement vers le comptoir, reconnaissant de loin sa sœur. Elle s’approcha d’elle et déposa une main dans son dos pour attirer son attention, tout en s’essayant à ses côtés. « J’ai bien cru que je louperais le début. » Elle sourit à pleine dents, débordant de bonne humeur. « La même chose que d’habitude, » dit-elle ensuite au barman qui lui demandait ce qu’elle souhaitait consommer.

C'était indéniable, Eden ne se faisait pas à cette ville de fou, à cet endroit de malade qui sentait nuit et jour la campagne. L'air, aussi pollué soit-il de New-York lui manquait terriblement. ah.. New-York se mit-elle a rêvé, allongée dans sa nouvelle baignoire. Tout lui manquait. La foule, les talons qui claquent sur le bitume, les grandes enseignes, les petites boutiques, le quartier chinois, son appartement et sa baignoire en marbre. EN MARBREUH. Pas cette affreuse baignoire écaillée et si minuscule qu'elle se retrouvait à se baigner presque à croupis. Évidemment, elle en rajoutait des tonnes. Cette ville, si l'on pouvait appeler ça une ville, n'était pas si désagréable. Les gens étaient accueillant quoiqu'un peu loufoques à la regarder avec de gros yeux ébahis lorsqu'elle s'était aventurée en escarpins et mini jupe jusqu'à la supérette la plus proche. D'ailleurs, elle avait même prévu d'aller au wisky club ce soir. Voir le match de baseball. Un sport qui lui était jusque là complètement inconnu mais qui apparemment plaisait à la population et surtout à sa sœur, Malory (aka, la malade mentale qui avait décidé de venir vivre ici).

Parée de sa plus jolie robe, cent pour cent soie, noire à dentelle, un joli nœud lui soulignant la taille et de hauts talons rouge, Eden arpenta les rues de Santa rosa jusqu'au bar. Un samedi soir, à cet heure-ci, personne ne s'aventurait dans la rue. En réalité, la plupart faisaient comme elle et le reste restaient chez eux devant leur poste de télévision. Face au bar, Eden grimaça. Une odeur d'alcool et de sueur mélangés lui chatouilla les narines. Je hais cette ville, se répéta-t-elle une dernière fois avant de rentrer et supporter les sifflements des habitants déjà complètement bourrés, le match même pas commencé. Assise au bar, la blondinette commanda un scotch, ce qui eut le mérite de décrocher un sourire au barman qui s'attendait certainement plus à un jus d'orange de la part d'une fille aussi.. raffiné ? C'est ce qu'elle aurait commandé en général ou alors quelque chose de classe, un martini, cela dit, ce soir, elle voulait être comme eux. Une vraie habitante de Santa Rosa. « J’ai bien cru que je louperais le début. » Eden sourit, reconnaissant cette main dans son dos et cette voix à la fois grave et fluette, celle de sa grande sœur. Elle l'enlaça chaleureusement et lui désigna le petit écran de télévision. « Oh, ils présentent juste les équipes. » fit-elle d'un ton connaisseur. Il était vrai qu'on se prenait facilement au jeu et aux coutumes de cette villes qui étaient bien plus cocasses et amusantes que celles de New-York. « T'es pas sensée boire Malo, tu rentres en voiture après. » lui dit-elle, un sourire malicieux aux lèvres, contemplant son verre vide et le sien plein, elle se permit de le prendre en main et d'en boire un coup. Elle, n'avait rien à craindre, elle rentrerait à pieds de toute manière. Et, au pire des cas, Andy viendrait la chercher.

Malory afficha un large sourire après avoir enlacé sa sœur. Toutes les craintes qu’elle pouvait ressentir s’effaçaient quand elle apercevait le visage d’Eden. Il suffisait que sa cadette soit dans les parages pour que sa mauvaise humeur, ses craintes, ou encore ses peurs, s’estompent. Elle agissait sur elle comme un clamant depuis des années. Elle n’avait pas besoin de se camer aux médicaments inefficaces, elle en avait un en version originale. « Oh, ils présentent juste les équipes. » Malory porta son regard sur le poste de télévision et soupira légèrement en faisant une moue boudeuse. Juste la présentation des équipes ? C’était l’un de ses moments préférés. Celui où elle pouvait apercevoir de près les têtes de chaque joueur. Elle ne comprenait toujours pas grand-chose aux règles, mais cela ne pouvait pas l’empêcher de rêver devant tout le match. On ne pouvait pas vraiment dire qu’elle était en manque d’amour. C’était dans sa nature de regarder, et non de toucher. Elle l’avait toujours fait et continuait encore de le faire, à vingt-quatre ans passés. Elle allait finir vieille fille si elle ne se dépêchait pas, c’était certain. Au point où elle en était, elle n’avait désormais plus rien à perdre. L’argent de son mariage était déjà bien entamé. « T'es pas sensée boire Malo, tu rentres en voiture après. » Malory haussa les épaules et regarda sa sœur prendre son verre en main pour en boire un coup. « Ne te gêne surtout pas, » dit-elle ironiquement, prenant à son tour le récipient et le portant à ses lèvres. « Ne t’inquiète pas, je n’ai pas envie d’abimer Sissi. » C’était de cette façon qu’elle avait baptisé sa nouvelle voiture, Sissi. Un nom emblématique qu’elle avait mis plus de trois jours à trouver. De toutes les propositions qu’elle avait faite, c’était la seule qui paraissait la moins ridicule.

Malory retira la veste qu’elle avait enfilé avant de sortir et la plaça sur ses genoux, jetant un regard amusé sur la tenue de sa sœur. Elle la détailla de haut en bas en silence. Détaillant tous les petits détails qu’elle pouvait trouver sur elle. « Eden.. Qui est-ce que tu veux impressionner habillée comme ça ? » Demanda-t-elle innocemment en buvant une nouvelle gorgée de son verre d’alcool. « Le barman ? Quelqu’un dans la salle ? » Elle afficha un nouveau sourire. « Ou ton bel assistant ? » Malgré l’endroit où elles habitaient désormais, Eden n’avait pas réellement changé, elle était restée fidèle à elle-même. Elle était toujours la femme coquette et soignée que Malory avait connu. Ses belles robes, sa coiffure irréprochable, ses bijoux, accessoires, chaussures.. Tout ça n’avait rien d’extravagant, elle avait le corps et le visage pour aller avec. Ce que l’aînée des Hartwood lui avait d’ailleurs toujours jalousé quand elles étaient enfants. Malory, elle, avait toujours préféré les jeans, les chaussures plates, ou encore les sweets. En grandissant elle était heureusement devenue beaucoup plus féminine que le garçon manqué qu’elle avait été pendant des années.

Bon, elle l'avouait tout de même, les matchs de baseball donnaient la possibilité de sortir et de boire des coups dans une ambiance de folie. Même si Eden ne supportait pas cette odeur d'alcool mélangée à de la transpiration, tout pour lui donner envie de vomir, elle ne loupait aucun matchs. D'autant plus que ces événements, lui permettaient de retrouver sa sœur qu'elle ne voyait plus que très peu désormais. Observant la foule qui criait à chaque fois que le nom et le prénom d'un des joueurs de l'équipe locale s'affichait sur le poste de télévision, Eden sourit et se prit au jeu en criant lorsqu'elle entendit le nom de son joueur fétiche, fétiche parce qu'il était célèbre et incroyablement sexy. Elle reporta ensuite son attention sur sa sœur, ouvrit la bouche et la referma de si tôt en écarquillant les yeux. « Rassure-moi, Sissi, c'est une copine que tu t'es fait et qui ne va pas tarder à nous rejoindre ? » fit-elle en tournant la tête à droite et à gauche pour tenter de déceler une femme qui pourrait être une amie de Malory. En réalité, elle savait très bien que ce nom était destiné à la voiture mais elle ne voulait pas l'admettre et surtout, ne voulait pas admettre que sa sœur était devenue complètement folle. Elle se faisait d'ailleurs un soucis fou pour elle et manigançait de la ramener à New-York où elle lui avait trouvé une chambre en maison de repos. Mais ça, elle se garderait bien de le lui dire avant qu'elle n'ait quelques grammes d'alcool dans le sang. En parlant d'alcool, Eden se pencha sur le bar et appela le serveur d'une main en le sifflant. Elle avait apprit cette technique quelques jours après être arrivée. C'était de loin la meilleure façon de passer avant tout le monde. D'autant plus que penchée comme cela, sa robe offrait un beau décolleté qui lui donnait un avantage de plus. Elle commanda un cocktail, spécialité du dit serveur puis se remit en place face à sa sœur qui engageait une nouvelle conversation. « Tu veux un verre avant tout le monde, sans devoir attendre ton tour ? Passe à ma boutique, je te vendrai du rêve chérie. » lui dit-elle en se regardant elle-même. Qu'est-ce qu'elle était fière de ce petit bijoux qu'elle s'était créée elle-même ! Et, regardant sa sœur, elle se retint de grimacer en voyant à quel point elle se laissait aller dans des habits dépassés. Qu'à cela ne tienne, ce soit, elle lui concocterait une tenue digne des plus belles aventurières. Rêvassant, Enden fut tirée de ses rêves modes par la voix de sa sœur qui continuait de la harceler. « Les trois à la fois. » lui répondit-elle en lui tirant la langue avant de remercier le serveur d'un grand sourire. « Et toi, tu comptes repousser qui avec ces.. trucs ? » finit-elle par lui dire alors que le bruit se faisait de plus en plus fort dans la salle. Le match commençait..

» EDEN ▬ WE FOUND LOVE.
» EDEN ✵ pour vivre heureux, vivons cachés.

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