→ Elle est diabétique
→ Elle ne boit pas d'eau ; trop d'alcool ou du soda
→ Elle ne fume que du tabac à rouler
→ Elle a été blonde, rousse et maintenant elle est brune
→ Elle joue de l'harmonica & de la basse
→ Elle couche toujours le premier soir
→ Elle s'est droguée pendant quatre ans
→ Elle s'est mariée à un homme de 10 ans son aîné
→ Elle parle trois langues couramment
→ Elle complexe sur sa taille

fist part : Color my life with the chaos of trouble.
« Votre nom, s'il vous plait.
Pourquoi ?
Parce que je vous le demande mademoiselle ! Ne faites pas d'histoires, je pense que vous êtes déjà suffisament dans la merde, pas vous ?
Pandora. Pandora Adries »

Elle était toute petite, toute frêle. Toute seule, aussi. Un jour, sans doute, elle a été jolie : de longs cheveux blonds mal coiffés, une peau très pâle tirée sur un visage émacié, deux grands yeux verts perdus. Dans son manteau noir trop grand on croirait que se cache une enfant de douze ans, elle m'affirme en avoir dix huit. On l'a retrouvé dans un squat : perquisitionné par la brigade dimanche, on l'a retrouvé prostrée sous le lit, totalement défoncée. J'ai une fille d'à peu près son âge : si c'était la mienne, elle en aurait pris une bonne raclée ! Les deux autres : une certaine Jenna et un punk, Ash, sont interrogés à côté : ils ont déclarés la drogue (une quantité assez effarante) comme étant à eux. Pandora s'en sort bien. A son nom, rien. Casier vierge. Aucunes nouvelles d'elle depuis six ans : un vague avis de recherche dans les archives, mais rien de plus. « n'appelez pas ma mère, je vous en supplie », c'est à peu près tout ce qu'elle dit depuis une heure que je la retiens ici. Moi aussi je pense que c'est une mauvaise idée, mais je n'ai pas le choix. La voix, à l'autre bout du fil, me paraît fatiguée. Je lui ressors le topo habituel. Silence. « Je vous remercie, mais non. Ce n'est pas possible, je n'ai jamais eu de fille. Ne rappelez pas, merci». Elle raccroche. Je n'arrive pas à reposer le téléphone : je sens le regard de la petite sur moi. Je lève la tête, ses yeux disent «je te l'avais dis». Je ne comprend pas : même si ma fille avait tué quelqu'un, je serai toujours là pour elle. Et Pandora a besoin d'aide: le manque, bien sur. Elle frissonne, se prend la tête entre les mains, pâlit à vue d'oeil, puis commence à crier. J'en ai vu des drogués, mais cette petite chose me fait plus d'effet que tous les autres junkie que j'ai pu avoir avant. Je lui proposerai bien quelque chose mais je n'ai rien. Pas même du doliprane. De l'eau, à la limite. « je peux sortir me fumer une clope s'il vous plait ». Ce n'est pas vraiment autorisé mais si ça peut arranger son cas... Je l'accompagne. Elle sort une marlboro en mauvais état d'une poche de son manteau, l'allume et tire une taffe comme si c'était la dernière. J'ai envie de lui demander « pourquoi ? » mais je vois bien qu'elle n'aime pas les questions. Alors je la regarde juste, et je pense pour la première fois de ma vie sans doute qu'on vit vraiment dans un monde de merde.


second part : viens Joséphine dans ma machine qui vole, vole et s'envole comme une folle

Je pensais être incapable de retrouver un jour une vie normale. Mais il faut croire que Jenna avait raison : deux semaines de bourrage de crane et nous voilà apte à faire semblant. Je n'ai pas eu le choix : Norman, comme il m'a prié de l'appeler, m'a envoyé dans un camps pour toxicos dans mon genre. Aucune chance d'espérer en sortir jusqu'à ce qu'ils soient surs que tu ne retoucheras plus jamais à la drogue. J'étais déterminée à me barrer au plus vite : j'ai toujours été une bonne menteuse, ils ont été bien meilleurs que moi à ce jeu là. Je suis restée un an. Un peu plus et ma photo finissait sur le mur de la cantine : un truc genre attention, si vous persistez vous finirez comme elle. Et puis j'ai lâché prise : une fois sevrée, il m'a été plus facile d'envisager un retour à la réalité. Peut-être pas disney land, mais presque. La drogue a été un plaisir et une épreuve. Réussie, il faut croire. Et je peux dire maintenant que c'est mieux ainsi. Je n'ai jamais rechuté : le temps n'y fera rien. Dans 10 ans, la tentation sera toujours aussi forte mais j'ai de la volonté (ce que j'ai mis, soit dit en passant, un peu de temps à comprendre) , je peux y arriver, et je sais que je peux aussi en parler. Les drogués vivent seuls, les gens normaux savent se confier. J'apprend petit à petit. Tout serait si simple si je pouvais juste dire que j'arrête tout, capituler, me trouver un maris, et aller passer la fin de mes jours le plus loin possible de Londres. Après le camps, il a fallut me trouver quelque part où dormir. Norman a passé beaucoup de coups de fil, et ce sont ses parents qui ont acceptés de m'héberger. Une seule condition : pas de drogue & pas de sexe. Ce sont des gens très catholiques. Moi qui me voyais comme une bonne athée qui se respecte, je vais maintenant à l'église. Bon, je ne prie pas, je ne chante pas. Mais j'écoute. Ce sont des moments agréables, et je crois que cela fait plaisir aux vieux. Rien que pour ça cela vaut le coup. Il faut dire que je leurs doit une fière chandelle : je serai déjà six pieds sous terre sans ce flic. Je n'ai jamais su ce qui l'a poussé à faire plus que ce que son devoir lui imposait. Je sais qu'il est tombé amoureux de moi, que se marier avec moi signifiait plus que mon obtention de la nationalité américaine pour lui, mais je ne serai jamais amoureuse. Je crois que l'organe nécessaire, je ne l'ai pas. J'ai du le perdre, quelque part entre mes dix et mes seize ans. Mais je l'aime d'amitié, j'espère que cela lui suffit. Pour l'instant je vis dans assez modestement, je dors dans la chambre de Norman et je paye le loyer. On ne peut pas parler de vie de rêve, mais en ai-je eu seulement une ?